AlODel

Introduction

Les technicien·nes du spectacle ont un rôle central dans la matérialisation de la création artistique, mais demeurent peu reconnu dans un univers symboliquement dominé par la figure de l’artiste. Ils sont soumis a des conditions de travail difficiles (temps partiel, incertitudes, horaires décalés, atteintes à la santé…). Comment résistent-ils à leur activité?

Présentation et objectifs du projet de recherche

Comment les professionnel·les du spectacle entretiennent-ils un rapport à la santé, mais aussi au corps, à la fatigue dans un univers où la cadence, la mobilité et la performance dictent le rythme du travail ? Quelles formes de solidarité ou de régulation collective permettent au métier de se maintenir, malgré la discontinuité de l’emploi et la fragilité des statuts ? Comment se construit la reconnaissance — celle des pairs, des institutions, mais aussi celle, plus diffuse, de la société — pour un travail dont la réussite suppose précisément qu’il reste invisible ?

L’hypothèse qui guide cette étude est que l’ensemble du système repose sur une économie morale de la passion, au sens où l’entend Didier Fassin (2009) :
La loyauté au métier, la fierté du geste et la capacité à tenir physiquement face à la contrainte remplacent ici les protections institutionnelles. L’amour du travail devient ainsi à la fois une valeur morale, une norme partagée et un mode de régulation : il structure la cohésion du groupe, tout en rendant supportable ce que les institutions ne protègent plus.